Le goût de la nature morte
(recherche pour une peinture de nature morte)
Le thème de la nature morte a attendu longtemps avant d'acquérir, en peinture, ses lettres de noblesse. Et aujourd'hui encore le portrait, le paysage ou les scènes de genre passent bien avant elle. Tout comme le paysage elle est entrée à petits pas dans l'histoire de l'art. Les livres, fleurs, objets usuels avaient valeur de symboles, leurs présences dans l'image devaient être justifiées par le sens qu'ils véhiculaient. C'est lorsque la peinture flamande a mis à l'honneur les composition ordonnées de mets exotiques et de tablées d'argenterie qu'elle est devenue un thème à part entière. J'ai souvent entendu dire "Mais quel intérêt de peindre des chataîgnes (ou des pommes, une table, un verre, etc...) ?". Ceux qui se posent cette question ont la réponse incluse : parce qu'ils ne regardent pas les chataîgnes habituellement. Le fait de les représenter met en valeur leur texture, leur couleurs, et, lorsque le peintre parvient à dépasser le modèle, comme Manet avec son citron, on découvre alors l'essence même du modèle. Ce n'est plus un objet ou un fruit quelconque, mais son absolu qui prend alors un caractère universel et éternel : il redevient, donc, un symbole à part entière.