Le grain, l'eau et la poussière
(Plage du Val de Saire, Cotentin, été 04)
Le temps est, paraît-il, notre pire ennemi (et plus particulièrement celui de la femme dixit les magazines qui ne voient pas plus loin que le creux de la ride). Je ne l'oublie jamais, au point de pouvoir vivre sans montre en sachant toujours l'heure exacte, au point de ne pas savoir être poliment en retard, au point d'avoir souvent l'impression de tenir ma vie en tête d'un bout à l'autre. Je ne laisse rien filer et l'accumulation du tout, vécu et pensé, entrave parfois la marche légère des jours. Mais à force de passer le temps est aussi devenu un allié, car je réalise maintenant que je compte sur lui et avec lui. Passer à autre chose, continuer sur sa lancée, espèrer, projeter. C'est l'ami implacable avec qui tout passe, le meilleur comme le pire, mais avec qui tout revient, à l'image du ressac, qui efface et refait la même trace. Du moins presque la même... et cette différence est sans doute la chose la plus rassurante et la plus terrifiante qui soit, car un jour elle finit par s'appeller absence.